Comprendre> Les femmes et la République en France - La République au féminin
 
 
La Révolution : un bilan mitigé pour les femmes
 
Les femmes rejetées des débats politiques
 

La majeure partie des femmes qui oeuvrent au sein de la Révolution n'a pas le sentiment d'appartenir à une catégorie particulière. Mais les plus virulentes de ces femmes font peur aux révolutionnaires de sexe masculin. Lorsque le 18 novembre 1793 Claire Lacombe pénétra au Conseil Général de la Commune de Paris à la tête d'une cohorte de femmes en bonnet rouge, le Procureur Général Chaumette leur en interdit l'accès par un discours misogyne. Société des femmes républicaines révolutionnaires Par la suite, la Convention décréta l'interdiction de tous les clubs et sociétés de femmes. Celles ci n'auront bientôt même plus le droit d'assister aux réunions politiques. La Révolution n'a donc nullement ouvert aux femmes le chemin de le citoyenneté. Pour les plus militantes, la Révolution est surtout une grande frustration, à la mesure des espoirs qu'elle a suscité. Tant de suggestions, tant d'actes pour être finalement autant dominées qu'avant. Pourtant, les hommes ont découvert que les femmes ont une place dans la cité. La Révolution a été l'occasion d'une remise en cause des rapports entre les sexes, et des questions inédites ont été mises à l'ordre du jour, telles celle de la place des femmes dans la cité.

Mais découvrir que les femmes avaient une place dans la cité ne signifie pas leur donner cette place. L'éventualité d'accorder un droit de vote aux femmes n'est pas même évoquée et le poids du discours naturaliste est extrêmement lourd. Par ailleurs, par le biais de diverses mesures (interdiction des clubs de femmes, puis interdiction faite aux femmes d'entrer dans les tribunes, puis de se grouper à plus de cinq dans la rue) prises par les révolutionnaires, les femmes se voient exclues des affaires de la cité.

 
 
 
Avancées civiles mais pas politiques
 

Cependant, la Révolution a reconnu aux femmes une personnalité civile qui leur était jusqu'à là refusée. Elles ont acquis une stature citoyenne : elles sont devenues des êtres humains à part entière, capables de jouir de leurs droits. Avec la Déclaration de 1789, les femmes sont libres de leurs opinions, de leurs choix et bénéficient de l'abolition de l'ordre, de la hiérarchie, de l'esclavage. Un divorceLa Constituante favorise l'émancipation civile des femmes en décrétant l'égalité des droits aux successions et en abolissant le privilège de masculinité. La Constitution de 1791 définit de façon identique pour les hommes et les femmes l'accession à la majorité civile.
Parallèlement, la Révolution délivre les jeunes filles de la tutelle paternelle : celles ci sont désormais libres de se marier ou non, et d'épouser qui elles veulent. Les grandes lois de septembre 1792 sur l'état civil et le divorce traitent à égalité les deux époux. La femme mariée est délivrée de la tutelle maritale. La loi dispose par ailleurs que le mariage se dissout par le divorce, soit par simple incompatibilité d'humeur, soit par consentement mutuel.

 
 
 
La marche vers le " suffrage universel "… sans les femmes
 

La Révolution ouvre l'accès aux droits politiques à un plus grand nombre. Auparavant, les droits politiques n'étaient pas même admis pour les hommes car ils étaient non pas liés à un droit mais à un état : celui de propriétaire. La Constitution de 1791 accomplit un grand pas en décrétant un suffrage quasiment universel. Pour voter, il faut être français, avoir l'âge de raison politique -21 ou 25 ans- , bénéficier de revenus ou payer une contribution équivalente à quelques jours de travail, et ne pas être dans un état de domesticité.

Pierre Rosanvallon, dans son ouvrage Le Sacre du citoyen, Histoire du Suffrage Universel en France, présente la triple exigence appliquée à l'époque :
- indépendance intellectuelle (être un homme doué de raison),
- indépendance sociologique (être un individu et non le membre d'un corps),
- indépendance économique (gagner sa vie).
Sont donc exclus du suffrage les mineurs, les aliénés, les religieux cloîtrés, les domestiques et les femmes.

 
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