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Philippe d'Orléans et la Régence

Lorsque le 1er septembre 1715 s'éteint Louis XIV, il laisse son trône à son arrière petit fils, âgé de cinq ans. Le testament du roi avait désigné son neveu, Philippe d'Orléans, âgé de 41 ans, comme président du Conseil de Régence. La Régence, malgré sa brièveté, est l'une des périodes de transition de l'Histoire de France les plus marquantes par les mesures qui furent prises dans de nombreux domaines, et l'entrée de la France dans le monde moderne :

  •  C'est sous la Régence que fut constitué un gouvernement aristocratique sous le contrôle d'un conseil composé de grands seigneurs (la " Polysynodie ", qui ne remplacera les ministères et secrétariats d'Etat que durant 4 ans).
  •  Le Régent Philippe d'Orléans fut le premier à comprendre les réformes financières de John Law et le soutint contre le parti des gens de la vieille cour et contre le parlement.
  •  L'un des résultats du "système de Law" fut l'apparition de l'esprit colonial. La colonisation de la Louisiane prospéra jusqu'au jour où Louis XV la céda à l'Espagne.
  •  Ce fut encore sous la Régence que, pour la première fois, la France catholique et monarchique passa une alliance avec l'Angleterre protestante et parlementaire.
  •  Enfin, point important (autour duquel tourne le film " Que la fête commence ") : le changement des mœurs fut plus durable qu'en politique et persista jusqu'à la Révolution.
  • Biographies

    Philippe d'Orléans
    Philippe duc d'Orléans, né à Saint-Cloud en 1674, mort à Versailles en 1723, est le fils de Philippe, duc d'Orléans, deuxième fils de Louis XIII et frère de Louis XIV ; il épouse en 1692 Mlle de Blois, fille légitimée de Louis XIV son oncle et de Madame de Montespan.
    Bien que dans son testament Louis XIV ne lui ait laissé que la présidence honorifique du Conseil de Régence, il exerce réellement le pouvoir en tant que Régent de France de 1715 à 1723. Son gouvernement marque une réaction contre les tendances du règne de Louis XIV, donnant à la cour l'exemple de la débauche, faisant participer la haute noblesse à la direction des affaires en supprimant les secrétariats d'État, et tentant de résoudre les problèmes financiers du pays avec le système de Law, totalement novateur en France.

    Guillaume Dubois (1656-1723).
    Le Cardinal Dubois naquit à Brive dans une famille bourgeoise, son père étant médecin-apothicaire. Tonsuré à l'âge de douze ans, il termina ses études à Paris et devint en 1687 précepteur de Philippe d'Orléans, alors duc de Chartres. Il eut une grande influence sur son élève, le futur Régent. Nommé ministre d'État, puis secrétaire d'État aux Affaires étrangères, il réalisa, en 1717, la triple alliance entre la France, l'Angleterre et les Pays-Bas. Nommé archevêque de Cambrai en 1720, il fut promu cardinal l'année suivante, ayant réussi à éviter un schisme. Ce précurseur de l'"Entente cordiale", à la carrière extraordinaire due à son habileté, sa diplomatie, sa capacité à l'intrigue, sa moralité médiocre, sa politique, fut parfois mal compris. Certains n'admettaient pas qu'un fils de roturier puisse occuper le premier rang dans l'État monarchique.

     
    Que la fête commence
    1975 - Bertrand Tavernier
    1719. En Bretagne, la révolte éclate contre la pression du pouvoir et la famine qui sévit, révolte menée par un nobliau impatient, le Marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle). A Paris, le Régent Philippe d'Orléans (Philippe Noiret), n'a pas encore réussi à enrayer la crise économique dont il a hérité, en dépit des promesses du système Law et de son apparente prospérité. Philippe d'Orléans est un chef d'état libéral, généreux et travailleur. Du moins le jour, car dès la nuit tombée, il court aux petits soupers, fêtes galantes et tableaux vivants organisés pour lui, en compagnie de l'Abbé Dubois (Jean Rochefort), son ministre et complice...

    A RETENIR

    Le système financier de John Law
    A la mort de Louis XIV, le royaume de France connaissait deux crises, l'une monétaire, l'autre financière. Les réformes de l'économiste écossais, devenu Contrôleur général des Finances en 1720, visait à résoudre la première de ces deux crises par une augmentation de la masse monétaire en ayant recours à la création et à la généralisation du papier-monnaie.
    Si ce moyen est resté dans la mémoire collective, on méconnaît souvent, ou on sous-estime, la seconde dimension de cette politique économique.
    Elle consistait à résoudre l'autre crise, de nature financière cette fois, en convertissant la dette publique en actions de la Compagnie du Mississippi. En janvier 1720, l'économie française connut ainsi un boom exceptionnel, les actions de la Compagnie du Mississippi passant de 160 à 10.000 livres.
    Le Régent fut délivré de la tutelle des financiers, la dette de l'Etat fut annulée, les rentiers de l'Etat devinrent actionnaires de la Compagnie des Indes nouvellement créée, et les moyens de paiement, en augmentation grâce à la création massive de papier-monnaie, purent stimuler la croissance.

    Cependant, les lenteurs de la Colonisation ajoutées à la déception des épargnants devant les maigres dividendes, provoquèrent une crise de confiance. En peu de temps, l'échange des billets contre de la monnaie métallique s'accéléra jusqu'en décembre 1720, date à laquelle le Système Law s'effondra définitivement. Cet échec inspira une méfiance durable envers le papier-monnaie et retarda sans doute la mise en place d'une organisation bancaire en France.

    Sources
    - Extrait du livre : " Le Régent ", de Maurice Soulié aux éditions Payot, 1980
    - Encyclopédie Larousse, Edition 2001

    Sur le Web
    - John Law : Mémoire pour prouver qu'une nouvelle espèce de monnaie peut être meilleure que l'or et l'argent (manuscrit, 1707)

    Remerciements
    - Nous remercions Claire Pereira-Neiva pour ses recherches.